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Sur les deux chemins de l'inconscient

SOMMAIRE

                                                                         

INTRODUCTION

                                                                                            

L’HOMME GLOBAL                                                                                        

   Les Origines - Evolution

   Les quatre éléments de la nature humaine

   La triade humaine

 

PHYSIOLOGIE DU PSYCHISME                                                                   

   Interaction des 4 constituants

   Les pensées

   La mémoire

   Le devenir de nos perceptions et représentations, les imaginations

​

L’INITIATION                                                                                                   

   Les deux chemins de l’Initiation

   L’Initiation moderne

​

DANGERS SUR LES DEUX CHEMINS DE L’INCONSCIENT                   

   Sur le chemin du monde intérieur, criminalité

   Sur le chemin du monde extérieur, maladie d'Alzheimer

​

CONCLUSION

                                                                                                   

BIBLIOGRAPHIE                                                                                              

                                                                                                                  INTRODUCTION

 

   La connaissance de l’univers fait régulièrement d’immenses progrès, grâce notamment à la technique qui donne à l’homme le sentiment de devenir de plus en plus puissant en dominant la matière. L’homme profite évidemment de cette technique dans tous les domaines de la vie courante avec de plus en plus de confort, de possibilités thérapeutiques, de moyens d’information et de communication …

   Et pourtant nous n’avons peut être jamais autant ressenti la nécessité de changer le monde. Que de fois sommes-nous tentés de dire : «  c’est le monde à l’envers ». Nous ressentons le monde menacé et menaçant. Certains parlent même de la fin de notre civilisation. Ne disent-ils pas : « toutes les civilisations sont mortelles. Nous arrivons à la fin de la nôtre. Il n’y a rien à faire sinon boire du bon vin avec nos amis et regarder le bateau qui coule » (1). Ce sont ces mêmes personnes qui sont les premières à mettre le monde à l’envers en déclamant des contre-vérités. En effet, une civilisation dure 2 160 ans ; la civilisation contemporaine a commencée en 1413, il lui reste encore environ 1 500 ans. Excusez du peu.

   Pourquoi ressentir cette fin du monde alors que notre civilisation n’en est au fond qu’au début ? Pour répondre à cette question, il nous faut étudier l’homme non pas à partir de la matière mais à partir de l’esprit. Car si l’étude de la matière nous apporte la technique, celle-ci ne peut répondre aux grandes questions existentielles. C’est à partir de l’étude de la nature intime de l’homme que nous comprendrons non seulement l’homme mais également l’univers. Rappelons-nous les paroles de Platon : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’ univers et les Dieux ». A partir de là, nous pourrons remettre le monde à l’endroit. Il est vrai que « chacun pense à changer le monde, mais personne ne pense à se changer soi-même » (Leon Tolstoï).

   D’où vient cette peur que l’homme moderne ressent face à l’avenir ? Parce qu’il rejette, il refoule dans son inconscient le changement et même plus, le virage que l’humanité dans son ensemble doit effectuer pour suivre le chemin de l’évolution. Devant cette nécessité, nous nous cabrons, nous faisons l’inverse de ce que nous devrions faire, nous mettons encore une fois véritablement le monde à l’envers. Refoulée dans l’inconscient, cette vérité ne se voit plus, mais nous travaille inconsciemment et ne supprime pas la peur, qui engendre bien souvent la haine.

   Quel est donc ce virage si angoissant ? (voir figure 1). Depuis la 2e genèse, qui a fait chuter l’homme dans la matière (Adam et Eve dans la Bible), l’homme s’incarne de plus en plus profondément dans celle-ci. Cela était bien sûr nécessaire pour l’évolution humaine, pour l’acquisition, au cours des différentes civilisations, des constituants de notre nature humaine : le corps physique (CP) lors du passage du monde spirituel au monde physique, terrestre, puis le corps éthérique (CE) lors de l’ancienne Inde, le corps astral (CA) lors de l’ancienne Perse, l’âme de sensibilité (AS) pour la civilisation Egyptienne, l’âme d’entendement  (AE) pour la Greco-Latine. Au cours de notre civilisation, c’est l’âme de conscience qui doit se développer pour accéder au 1er degré de l’esprit (le Soi Esprit). Le chemin est tracé pour une 6e civilisation apportant le 2e degré de l’esprit (Esprit de vie) et une 7e civilisation pour le 3e degré de l’esprit (Homme Esprit) (2 p167). L’Homme doit donc à chaque civilisation surmonter l’enjeu évolutif sous peine de sortir du chemin évolutif tracé pour lui.

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   Nous devrions déjà être sur ce chemin, avoir engagé ce virage, cette remontée vers l’Esprit, et nous voyons tous les jours la situation de notre civilisation se dégrader : l’égoïsme, la criminalité, le dérèglement de la planète …

   C’est en étudiant l’Homme dans sa globalité et notamment en explorant les chemins de l’inconscient que nous mettrons au grand jour les grandes vérités nous concernant.

   C. G. JUNG écrivait en janvier 44  (3-épilogue) : «  Je suis convaincu que l’étude scientifique de l’âme est la science de l’avenir. La psychologie est la plus jeune des sciences naturelles et son développement n’a pas encore franchi le stade des premiers pas. Elle n’en constitue pas moins la science qui nous est la plus indispensable; il apparaît, en effet, avec une clarté toujours plus aveuglante, que ce ne sont ni la famine, ni les tremblements de terre, ni les microbes, ni le cancer, mais que c’est bel et bien l’homme qui constitue pour l’homme le plus grand des dangers. La cause en est simple: il n’existe encore aucune protection efficace contre les épidémies psychiques; or, ces épidémies-là sont infiniment plus dévastatrices que les pires catastrophes de la nature! Le suprême danger qui menace aussi bien l’être individuel que les peuples pris dans leur ensemble, c’est le danger psychique. A son égard, la raison a fait preuve d’une impuissance totale, explicable par le fait que ses arguments agissent sur la conscience, mais sur la conscience seule, sans avoir la moindre prise sur l’inconscient. Par suite, un danger majeur pour l’homme émane de la masse, au sein de laquelle les effets de l’inconscient s’accumulent, bâillonnant alors, étouffant les instances raisonnables de la conscience. Toute organisation de masse constitue un danger latent, au même titre qu’un entassement de dynamite. Car il s’en dégage des effets que personne n’a voulus, mais que personne n’est en état de suspendre! C’est pourquoi il faut ardemment souhaiter que la psychologie, ses connaissances et ses conquêtes se répandent à une échelle telle que les hommes finissent par comprendre d’où proviennent les suprêmes dangers qui planent sur leurs têtes. Ce n’est pas en s’armant jusqu’aux dents, chacune pour son compte, que les nations pourront à la longue se préserver des effets catastrophes que sont les guerres modernes. Les armes amoncelées réclament la guerre! Ne serait-il pas préférable, au contraire, à l’avenir, de se délier et d’éviter les conditions— maintenant dépistées — dans lesquelles l’inconscient brise les digues du conscient et dépossède celui-ci, faisant courir au monde le risque d’incalculables ravages? ».

   Nos psychanalystes ont bien mis en évidence la véracité de l’inconscient chez l’homme et les troubles qu’il peut engendrer, mais aucun n’a su expliquer sa véritable nature. C’est le grand initié Rudolf Steiner (1864-1925) qui nous dévoile ce grand mystère dans son Anthroposophie (6 000 conférences).

   Le premier chemin de l’inconscient est celui que nous empruntons tous les soirs lorsque nous nous endormons. Nous quittons notre véhicule terrestre et suivons un périple très particulier pour prendre les forces nécessaires à l’existence diurne.

   Le deuxième chemin est celui du retour dans notre corps physique au réveil. Notre conscience revient mais elle est limitée, l’inconscient étant beaucoup plus vaste, à l’image de la partie immergée d’un iceberg.

   Cet inconscient ne peut évidemment être décrit que par celui qui est capable de rester conscient sur les deux chemins. C’est bien le cas de Rudolf Steiner. Il nous explique l’Initiation qui peut permettre à celui qui suit ce chemin de voir par lui-même ce monde invisible à la plupart d’entre nous. Mais il n’est pas nécessaire d’être initié pour comprendre ce que celui-ci nous décrit.

                                                                          

                                                                      L’HOMME GLOBAL

 

LES ORIGINES – L’EVOLUTION :  (2)

   Les 4 constituants de l’être humain, CP, CE, CA et Je sont apparus successivement sur l’ancien Saturne, l’ancien Soleil, l’ancienne Lune et la Terre actuelle . C’est la 1ère genèse qui continuera avec les futurs globes : la future Jupiter, puis la future Vénus.

   Sur la Terre actuelle, Steiner décrit l’évolution des Eres et des Civilisations (2):

     -   Ere polaire : répétition (récapitulation) de l’ancien Saturne.

     -   Ere hyperboréenne : répétition de l’ancien Soleil.

     -   Ere Lémurienne : répétition de l’ancienne Lune

     -   Ere Atlantéenne : 2e genèse, incarnation de l’Homme

     -   Ere post Atlantéenne, Ere actuelle avec ses 7 civilisations

  • 1e Civilisation de l’ancienne Inde, répétition (récapitulation) de la 1e Ere                          

  • 2e Civilisation de l’ancienne Perse, répétition de la 2e Ere

  • 3e Civilisation Egyptienne : répétition de la 3e Ere

  • 4e Civilisation Gréco-Latine : répétition de la 4e Ere. Les Dieux du Panthéon Grec correspondent aux Dieux vus par les Atlantes.  

  • 5e Civilisation contemporaine : en relation avec l’Egyptienne , ce qui explique notre attrait pour celle-ci. 

  • 6e  Civilisation à venir, sera en relation avec la civilisation Perse

  • 7e Civilisation : dernière civilisation de la 5e Ere correspondra à l’ancienne Inde

      -   Deux autre Eres suivront

 

   Nous avons vu d’autre part (fig. 1) que les constituants de la nature humaine sont liés aux différentes civilisations, représentant l’enjeu évolutif pour chacune d’entre elles.

   Ces constituants vont se retrouver également au cours de l’évolution humaine individuelle, selon un rythme de 7 ans (fig. 2).

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LES QUATRE ELEMENTS DE LA NATURE HUMAINE : CP, CE, CA, Je  (4)

   - Le corps physique (CP) : crée la morphologie., tripartite avec la tête, le tronc et l’abdomen (+ membres). Une prédominance au niveau de la forme crée une prédominance au niveau de la fonction. Le CP est en relation avec le monde minéral.

   - Le corps éthérique (CE) : détermine le tempérament. Il existe 4 tempéraments : colérique, sanguin, flegmatique, mélancolique, selon la prédominance des 4 éthers au niveau du CE : éther de chaleur, éther de lumière, éther chimique, éther de vie. Il est intimement lié et donne vie au CP mais reste en relation avec l’éthérique de la terre. On parle des forces éthériques ou forces modelantes. Il ne faut pas le confondre avec l’ancien éther des physiciens ou avec la force vitale du XIXe siècle.

   - Le corps astral (CA) : détermine le caractère. Les désirs, instincts, pulsions, passions sont en relation avec le CA, ainsi que sympathie et antipathie. Le CA s’oppose au CE ;

   - Le Je : lorsque les 3 corps sont constitués, le Je va travailler à leur transformation. Aprés la morphologie, le tempérament et le caractère, c’est l’individualité, la personnalité qui émerge.

      . Lorsque le Je travaille à la transformation du CA, c’est l’âme de sensation

qui naît. Le CA nous permet de dire : ceci est une rose, l’âme de sensation nous fait dire : cette rose est belle. Le passage du CA à l’âme de sensibilité fait apparaître le monde intérieur, le monde psychique. C’est l’époque Egyptienne avec toute sa splendeur.

      . Lorsque le Je travaille à la transformation du CE apparaissent l’âme d’entendement et de sentiment. Les deux doivent se développer en même temps pour éviter une intellectualité exclusive si l’âme de sentiment est exclue ou un chaos social s’il n’y a pas d’intellectualité. L’âme d’entendement provient de la transformation de l’éthérique du système nerveux, l’âme de sentiment du pôle rythmique. C’est la période des philosophes Grecs.

      . Enfin le Je travaille à la transformation des forces formatrices du CP en âme de conscience. C’est l’objectif, l’enjeu évolutif de notre civilisation. Nous comprenons pourquoi nous avons autant de sujets de discussion sur notre mode de vie, autant de remises en cause sur d’innombrables sujets. Lorsque l’âme de conscience sera suffisamment évoluée, apparaîtra, toujours sous l’action du Je, le premier degré de l’Esprit, le Soi Esprit ou Manas. Ceci lors de notre civilisation.

      . Lors de la 6e civilisation apparaîtra le 2e degré de l’Esprit ou Bodhi

      . Lors de la 7e civilisation nous aurons le 3e degré de l’Esprit ou Atma.

 

RELATIONS ENTRE LES 4 ELEMENTS

   On  distingue le complexe inférieur  physico-éthérique (CP-CE) du complexe supérieur psycho-spirituel (CA-Je).

   Il existe une union étroite entre CP et CE. Ces 2 éléments peuvent cependant se séparer dans des cas exceptionnels, par exemple lors d’une noyade ou d’un choc violent, ou dans des cas de mort apparente NDE, ou catalepsie ou sommeil hypnotique profond. (5 p 51). La séparation est définitive à la mort. Le baptême pratiqué il y a 2 000 ans reposait sur cette connaissance.

   L’union est étroite au niveau du complexe supérieur, mais on ne peut appliquer ici une notion d’espace mais plutôt de degré de conscience (6 p25).

   L’union des 2 complexes inférieur et supérieur est variable ; Le complexe Je-CA se détache du complexe CP-CA tous les soirs à l’endormissement comme il s’en détachera à la mort. Tous les matins il se réincarne dans le complexe CP-CE comme cela se produit à la naissance. Tous les matins nous « naissons », tous les soirs nous « mourons ».  Cela constitue un rythme, une alternance : sortie vers le cosmos – rentrée dans le monde terrestre.

 

LA TRIADE HUMAINE  (fig. 3)

   Sur le plan physique (CP), l’Homme présente 3 pôles : la tête, le tronc et l’abdomen avec les membres.

   Sur le plan fonctionnel, (CE), à la tête correspond le pôle neuro-sensoriel (PNS), au tronc le pôle rythmique (PR) et à l’abdomen – membres, le pôle métabolique. Mais il est important de noter qu’en chaque point de l’organisme, les 3 pôles sont plus ou moins présents.

   Sur le plan de l’âme (CA) nous avons les pensées, les sentiments et la volonté, ou le conscient, le subconscient et l’inconscient.

   Enfin sur le plan du Je ou Esprit nous avons l’Imagination, l’Inspiration et l’Intuition, termes pris dans leur sens initiatique et non dans le sens commun habituel.

                                                                                                      PHYSIOLOGIE DU PSYCHISME

                                                                                    (fig. 3 et 3 bis)

 

   Pour Rudolf STEINER : « Le psychisme concerne les énigmes de la pensée, de la mémoire, le conscient, l’inconscient, ce qu’il y a de plus personnel en l’homme, de plus intime, de plus profond, mais curieusement aussi et pour une grande part, ignoré ou caché de lui-même ».

   Nos chercheurs contemporains s’acharnent à explorer le cerveau pour pouvoir expliquer un jour l’origine et le fonctionnement de la pensée et de la mémoire. Ils font régulièrement des découvertes passionnantes.

   R. STEINER déclarait le 27 03 1911 : « A chaque démarche de la pensée, un processus fait pendant dans notre organisme. Il en est de même pour les processus affectifs ainsi que pour chaque processus qu'on peut appeler impulsion volitive. Nous pourrions dire également qu'une onde est soulevée et se propage jusqu'au fond de l'organisme physique, s'il se passe quelque chose dans notre vie psychique. La science actuelle saura élucider vraiment dans quelques dizaines d'années, les correspondances dans l'organisme entre des phénomènes psychiques et des phénomènes physiologiques, et confirmer les décou­vertes de l'occultisme »  (13-p145)

   En fait nous y sommes, la technique met en évidence de façon brillante cette corrélation. En 1992 les premières images du cerveau humain en activité sont visibles suite aux images captées par la rétine. De nos jours on peut voir des régions cérébrales s’activer après émission de sons ou suite à des odeurs. Si on demande à un sujet de bouger un doigt,  les zones du cortex moteur s’activent immédiatement. De plus si on demande au même sujet de penser à faire ce mouvement, les mêmes régions s’activent. Voir un objet ou l’imaginer active les mêmes régions du cerveau. Il est bien connu que nous enregistrons de multiples évènements de façon inconsciente. Ici aussi, les mêmes circuits seront activés, moins longtemps cependant. Plusieurs régions cérébrales peuvent s’activer de façon synchrone, elles entrent en dialogue, s’échangent des informations pour un même objet. Cependant la conscience ne se trouve pas partout dans le cerveau, l’accès à la conscience constitue un goulot d’étranglement. Une seule idée peut émerger alors que le cerveau avec ses 100 milliards de neurones fonctionne en parallèle.

   L’IRM nous permets donc bien de suivre les correspondances entre le psychisme et la physiologie cérébrale mais les chercheurs en arrivent à la question fondamentale :  comment à partir du cerveau qui est matériel, une pensée, par définition abstraite, peut elle en jaillir? Comment la conscience humaine peut elle naître du cerveau?  (25).

   Nous passons ici du matériel au spirituel. Une pensée n’est pas matérielle et pourtant elle est bien réelle. Pour décrire la pensée, nous devrons dépasser la science de la matière et en nous plaçant sous un autre angle, étudier la science de l’esprit.

 

INTERACTION DES 4 ELEMENTS : 

   La science de l’esprit ou Anthroposophie que nous décrit Rudolf Steiner fait intervenir dans la description du processus du psychisme, d’abord l’interférence des quatre constituants de la nature humaine CP, CE, CA et Je au travers des trois pôles.

   Que se passe t’il lorsque nous avons un objet ou une personne devant nous ? (fig. 3) Le Je (ou plus exactement la conscience du Je) s’en empare. C’est la perception. Il effectue ensuite par rayonnement deux mouvements, l’un (arc de cercle rouge) vers le CA puis le CE jusque dans le CP , l’autre (arc de cercle vert) vers le CP, le CE et le CA. Dans le mouvement vers le haut il crée au niveau du CA la représentation de la perception puis en descendant jusqu’au CE il forme le souvenir. En atteignant le CP il y forme une image. Dans le mouvement vers le bas il atteint le CP  puis le CE pour confronter la perception aux souvenirs puis forme au niveau du CA la perception du souvenir. Lorsque les 2 représentations, celle de la perception et celle du souvenir se rejoignent, lorsque l’extérieur se mêle à l’intérieur, lorsque le présent se mêle au passé, il y a reconnaissance de l’objet ou de la personne. La conscience émerge alors au niveau du Je. Les anciens connaissaient ce mystère et le symbolisait par le serpent ou le dragon qui se mort la queue (fig. 4).

  «  Notre conscience ordinaire vit dans notre être spirituel psychique (Je-CA), mais nous ne pouvons pas percevoir ce qui est en nous, de même que nous ne pouvons pas nous voir nous-même sans être devant un miroir. Nous percevons les faits lorsqu’ils nous sont montrés dans le miroir de notre corps physique.

Les représentations sont donc des reflets renvoyés par le miroir que constitue notre CP. De même la conscience du Je est tributaire de ce miroir. Le Je vit dans le monde extérieur mais fait l’expérience de lui-même dans la conscience, lorsque l’effet des stimulations qu’il génère inconsciemment à l’intérieur du corps lui parvient par réflexion » (7 p169) .

   Nous sommes arrivés ici au stade de la reconnaissance d’un objet ou d’une personne, c’est le stade de l’observation. Tout le contenu de notre vie intérieure nous est donné en premier lieu à travers l’observation. A partir de là, c’est la pensée qui va réagir sur cette observation.

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LES PENSEES   (8)

   Si l’observation est la représentation (CA) devenue consciente au niveau du Je, elle est en opposition avec la pensée. Les réflexions que nous pouvons faire sur un objet et l’objet lui-même sont deux choses différentes, et apparaissent séparément. L’objet ne nous est accessible que par l’observation qui précède la pensée. «  Lorsque quelqu’un voit un objet, sa pensée réagit sur cette observation ; à l’objet s’adjoint une sorte de pendant idéel, le concept, et l’homme considère que cet objet et son concept s’appartiennent l’un à l’autre » (8 p57). La pensée donne ici naissance aux concepts et aux idées qui ne diffèrent pas qualitativement. Les idées sont des regroupements de concepts. Concepts et idées présupposent donc l’existence de la pensée. Les concepts ne sauraient être tirés de l’observation, ils s’ajoutent à l’observation. « Chez les êtres pensants, les objets extérieurs font surgir le concept. Il est parmi les éléments de l’objet, celui que nous recevons non plus du dehors, mais du dedans de notre être » (8 p90). L’équilibre et l’union des deux éléments, l’un extérieur, l’autre intérieur, tel est l’acte même de la connaissance. Cependant une succession d’idées n’est pas encore le penser. « Seule la relation consciente, orientée vers un but, est un acte créateur. On peut certes apprendre par cœur le théorème de Pythagore, mais on ne le comprendra vraiment que quand on l’aura soi-même recréé intérieurement » (9 p54).

   Les pensées que nous élaborons, allumées au contact du monde extérieur et qui sont des pensées subjectives vont se mêler à « une espèce de tissu interstitiel de pensées vivantes, pensées objectives que nous apportons par la naissance du monde psycho-spirituel dans le monde terrestre » (10 p106). Elles se situent entre le CE et le CP. Elles nous sont tout à fait inconscientes, mais « leur contact avec les pensées subjectives font apparaître dans notre conscience le contenu de nos pensées » (10 p 106)

      Wolfgang PAULI (1900-1958), prix Nobel de physique en 1945 étudie les théories de Johannes Kepler (1571-1630), premier astronome à avoir décrit convenablement les orbites planétaires. « Le processus d’intellection de la nature, de même que le bonheur que l’homme éprouve à comprendre, c’est-à-dire à prendre conscience d’une nouvelle connaissance, semble donc reposer sur une correspondance, une coïncidence entre des images intérieures qui préexistent dans la psyché humaine avec des objets extérieurs et leur comportement. Cette conception de la connaissance de la nature remonte, on le sait, à Platon, et est également soutenue de façon très claire …par Kepler. De fait, ce dernier parle d’idées qui préexistent dans l’esprit de Dieu et qui furent créées dans l’âme, image de Dieu, en même temps qu’elle. Il qualifie d’archétypales ces images primordiales que l’âme pourrait percevoir grâce à son instinct inné. Ces images paraissent les proches parentes des « idées originelles » ou des archétypes fonctionnant comme des « instincts de représentation », dont C.G. Jung a introduit le concept dans la psychologie moderne. (Le Point hors série : Le mystère Carl Jung n° 13 janvier 2013).

   « Si nos pensées peuvent se manifester dans notre monde physique, c’est parce que nous avons un corps physique, mais ce n’est pas lui qui les créé. Prétendre que le cerveau crée les pensées est la même chose que d’affirmer : le miroir crée les personnes qui s’y regardent ! » (7).

   Le CE est occupé à la construction du CP jusqu’à environ 7 ans, puis il se libère tout en assurant les processus de croissance et de régénérations au pôle inférieur. Ce CE libre va dès lors se métamorphoser pour agir au niveau de la pensée et se mettre au service du CA et du Je. Si ce mouvement ne se produit pas correctement, certaines forces éthériques, qui sont des forces de croissance,  agiront pour elles-mêmes et seront à l’origine de cancer ou de schizophrénie. Pour Steiner « Les tumeurs cancéreuses naissent à partir de forces formatrices laissées en friche, alors qu’elles étaient destinées à se transformer en forces de mémoire et de connaissance ». De même à un certain stade d’évolution ces forces éthériques libérées des lois du CP et non contrôlées par le CA et le Je, peuvent induire jusqu’aux idées délirantes dans la schizophrénie (11).

   Les influences de la famille et de l’école sont ici déterminantes (voir chapitre suivant)..

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LA MEMOIRE

  « Si on met notre bras devant nous, le pouce relevé, l’ongle du pouce représente 1° d’angle visuel. C’est la partie de la rétine qui nous permet de voir. Pour le reste vous êtes aveugle. La mémoire est la meilleure source d’information de notre perception. 99% de ce que nous voyons provient d’un élément de notre mémoire; ce sont les sens qui apportent le 1% restant.

Notre cerveau ne peut pas citer certaines informations qui arrivent sur la rétine. Pour résumer on réinterprète ce qui existe vraiment, pour le remplacer par ce qu’on pense être réel » (26).

Ceci correspond bien au rôle du souvenir décrit dans le chapitre précédent.

   On pense que nos souvenirs reposent dans notre cerveau et réapparaissent tels quels à la conscience lors de leur évocation. Or si les pensées se situent au niveau du CE du PNS, la mémoire, elle, est portée par le CE au niveau du PM,  pôle de la volonté, de l’inconscient et des forces de  croissance. Il existe une relation entre la mémoire et les forces de croissance chez le jeune qui grandira d’autant plus que la mémoire sera sollicitée (14 p169).   Nous sommes hyper connectés dès le plus jeune âge, confrontés à beaucoup d’informations et la taille des individus augmente nettement depuis le début de cette évolution technique.

   La façon dont se forme un souvenir nous fera mieux comprendre cette relation entre mémoire et croissance. « Il se forme au niveau du corps éthérique des courants sur des parcours bien déterminés avec condensations en certains endroits sous une tension puissante, au niveau desquels les représentations deviennent des souvenirs. Ainsi pour former un souvenir-représentation il existe dans le cerveau deux courants éthériques, l’un venant d’en bas, l’autre d’en haut, sous une tension maximale comme deux courants électriques s’opposant sous une tension extrême. Et lorsque la neutralisation s’est faite entre ces courants, une représentation est devenue souvenir et s’est intégrée au corps éthérique. Ces courants se condensent pour faire des organes spécifiques : l’un est la glande pinéale ou épiphyse, l’autre est l’hypophyse. Il s’agit de portes où l’on passe du sensible au suprasensible. Nous avons vu que ces glandes se trouvent au niveau du diencéphale (cerveau mammalien) » (28 - 4e conf. p 98).

   « C’est entre l'épiphyse et l'hypophyse qu'est concentré le point de rencontre entre l'activité de l'âme et celle du corps; le Moi agit en relation avec le corps astral à partir de l'épiphyse, de l'hypophyse afflue à la rencontre du Moi le flot des forces éthériques qui se libèrent de l'organisme. Dans ce contexte, il est important de noter que l'épiphyse est en liaison étroite avec la région des tubercules quadrijumeaux, dans laquelle le nerf optique aussi bien que le nerf acoustique - donc les deux nerfs sensitifs les plus importants pour le développement de la vie psychique - possèdent des relais. C'est dans l'action conjuguée de l'épiphyse et de l'hypophyse que se forment par exemple à partir des forces éthériques les représentations de la mémoire. Mais la possibilité du développement de la vie psychique en général est fondée sur la métamorphose de l'éthérique qui se déroule entre ces deux organes » (9 vol. I p 85 et vol II p 466).

   Une autre relation entre mémoire et forces de croissance se trouve dans la maladie d’Alzheimer où l’hormone de croissance (somathormone ou STH sécrétée par l’hypophyse) est augmentée par diminution de son hormone frénatrice (somatostatine sécrétée par l’hypothalamus). On peut concevoir qu’une faiblesse du CE peut entraîner une baisse de la production de somatostatine d’où l’élévation de celle-ci. (fig. 5)

   Pour le Dr André Gernez (12), découvreur des cellules souches, l’hyper-intellectualité a remplacé la religiosité, entraînant dans l’enfance un manque de stimulation du cerveau limbique impliqué dans le circuit de la mémoire, et cause première, à l’âge adulte de la maladie d’Alzheimer. Lorsque le cerveau limbique n’est pas stimulé, le stock de cellules souches (seul endroit du cerveau où des cellules souches sont présentes) est diminué dès le jeune âge et complètement tari au moment de la maladie.

    De même pour Steiner, « la maturation anticipée interrompt le processus évolutif des organes. Surcharger la mémoire et la pensée exerce une influence délétère sur toute l’existence, avec risque de sclérose relativement précoce. De même qu’assimiler trop tôt des définitions rigides. Nous devons éduquer de manière à ne pas pousser les élèves à la sénilité dès l’enfance » (13 p 286).

   Les causes premières de la maladie d’Alzheimer seront étudiées dans le chapitre « dangers sur le chemin du monde extérieur » (fig. 5)

     Pour R. Steiner, « la formation des concepts chez l’enfant part de l’organisation-tête, du PNS. La mémoire, elle, monte de l’intérieur de l’enfant à partir du PM et des membres  » (14 p 53).

   Pour le Dr Holtzapfel, « la recherche d’un souvenir lorsqu’il tarde à venir , nous rend impatient avec des mouvements du pied ou du bras. On dit d’un souvenir qu’il est « tombé » dans l’oubli ou qu’il « remonte à la surface ». Il existe la voie descendante de l’oubli et la voie ascendante de la mémoire. L’obsession survient lorsque dans leur descente vers l’oubli, les impressions reçues rebondissent aussitôt comme sur un obstacle infranchissable. Inversement, dans le manque de mémoire, les impressions sont trop absorbées par le pôle inférieur de l’être humain, elles paraissent évanouies à jamais comme englouties dans un marécage ». (15 p208)

 

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(fig. 4)  Ouroboros le dragon qui se mord la queue

   Ce comportement nous montre que les souvenirs se reproduisent au pôle inférieur de l’homme et non au pôle supérieur.

    Plusieurs exemples vont nous montrer qu’il existe une certaine autonomie de la mémoire par rapport au cerveau.

 

- LES SŒURS DU COUVENT  (16)

   La maladie d’Alzheimer touche 3 millions de personnes en Europe et, malgré l’ampleur des moyens consacrés à la recherche, elle reste toujours incurable. Pourquoi ?

   A Washington en 1990 le Dr SANDER-BROW David étudie le devenir des 479 sœurs d’un couvent du Minnesota. Il relate notamment le cas d’une sœur qui mourut à 104 ans, qui présentait à l’autopsie, au prélèvement cérébral, des signes typiques de la maladie d’Alzheimer avec agrégats filamenteux, dégénérescence neurofibrillaire associés à des plaques séniles. Or cette personne ne présentait de son vivant aucune symptomatologie particulière. De façon identique, une sœur de 85 ans décédée d’un infarctus du myocarde présentait au prélèvement cérébral des signes typiques de la maladie d’Alzheimer et tous ses tests de mémoire étaient restés normaux de son vivant.

   Il est signalé un joueur d’échec avec des tests cliniques normaux mais des signes avancés d’Alzheimer à l’autopsie.

   La principale piste de recherche vise à s'attaquer aux plaques amyloïdes qui se forment entre les neurones au cours de la maladie et aux agrégats de protéines tau formant les dégénérescences neurofibrillaires à l'intérieur des neurones.

   Pour le Dr Gernez « les pertes neuronales sont normalement suivies d’un processus de cicatrisation gliale dont les caractères varient avec l’âge : chez le jeune, la résorption des cadavres neuronaux est rapide et ne laisse pas de trace alors que chez l’individu âgé, les produits de désintégration neuronale restent indéfiniment sur place . Ceux-ci sont d’autant plus nombreux dans la maladie d’Alzheimer que la raréfaction neuronale y est plus précoce. La gliose y est plus dense et plus diffuse que chez l’individu sain du même âge. Les chercheurs qui ont décrit les plaques séniles comme critère de la maladie ont confondu la cause avec la conséquence, ce qui explique que les recherches thérapeutiques n’aboutissent pas. De plus vouloir prévenir en diagnostiquant plus tôt par une IRM n’a pas de sens puisque ce diagnostic ne traduit pas le début de la maladie qui est restée silencieuse durant des décennies durant lesquelles les réserves blastiques ont compensé les pertes neuronales » .

   Ces recherches nous montrent qu’il existe une autonomie de la mémoire par rapport au cerveau.

- LE CAS Friedrich NIETZSCHE   par Rudolf STEINER  (17 p 21)

   « Nous mentionnerons à titre d'exemple une personnalité connue de tous par son destin tragique: Friedrich Nietzsche. Après que, durant sa maladie, la dernière catas­trophe se fut longuement préparée, il vécut l'irruption rapide de la démence. Son ami Overbeck, qui était à l'époque professeur à Bâle et est mort il y a quelques années, vint le chercher à Turin et, dans des conditions difficiles, l'amena à Bâle. Un livre intéressant de Bernoulli nous raconte ce qui suit. Je laisse de côté les différents épisodes du voyage de Turin à Bâle, pour me limiter au fait qui a particulièrement frappé Overbeck. Nietzsche n'éprouvait aucun intérêt pour ce qui se passait autour de lui et qui, de ce fait, pénétrait dans la sphère de sa conscience ordinaire; à peine consacrait-il quelque attention ou impulsion volontaire à ce qui se passait. Il se laissa aussi facilement emmener à l'hôpital, où il rencontra une connaissance de longue date, qui était en même temps le directeur de cet hôpital. Lorsque Nietzsche, qui n'avait plus aucun intérêt pour le monde extérieur, entendit prononcer le nom de cet homme, quelque chose s'éveilla en lui et, à la grande surprise de son ami Overbeck, il entreprit aussitôt de poursuivre une conversation qu'il avait eue de nombreuses années auparavant avec ce médecin. Il la reprit exactement au point où elle avait été interrompue sept années auparavant! C'est avec cette fidélité que travaillait la mémoire, alors que les instruments de la perception exté­rieure, le cerveau, l'intelligence, la conscience ordinaire, étaient détruits, de sorte qu'il passait, inattentif et indiffé­rent, devant tout ce qu'il aurait pu percevoir et dû observer si tout ce qui est lié à la conscience ordinaire lui avait été fidèlement conservé. Nous voyons là - à le toucher du doigt - comment dans l'organisme détruit continue d'agir ce à quoi il nous faut à bon droit attribuer une certaine autonomie.

   Mais poursuivons. Grâce à une expérience que la nature elle-même nous a proposée avec tant de fidélité, nous pouvons discerner les rapports entre les choses, si nous disposons d'un don d'observation suffisamment étendu. Lorsqu' ensuite Nietzsche fut emmené à Iéna, et qu'Overbeck et d'autres personnes lui rendirent visite, il apparut également qu'on pouvait parler avec lui de tout ce qu'il avait vécu et étudié dans les années précédentes, mais jamais de ce qui se passait autour de lui au moment présent même, et dont l'observation et la perception étaient liées à l'instrument du corps physique. Par contre, ce qu'il faut nommer dans le langage de la science de l'esprit le corps éthérique actif et autonome, le porteur de la mémoire, lui, était conservé, indépendant, dans une très grande mesure. Et l'on pourrait joindre à cet exemple d'innom­brables autres de même nature. Certes, il est exact que celui qui veut absolument penser en matérialiste peut dire que, dans ce cas, certaines parties du cerveau étaient restées intactes, celles qui étaient justement porteuses de la mémoire. Mais celui qui fait une telle objection verra bientôt qu'en face de l'expérience réelle, de l'observation sans parti pris de la vie quotidienne, elle se révèle insuffisante. C'est ainsi que der­rière le corps physique nous voyons le corps éthérique ou corps de vie, que grâce à la science de l'esprit nous identifions comme le porteur de la mémoire ».

- KASPAR HAUSER  Rudolf STEINER   (2 p 16)

   « Ce que nous appelons aujourd'hui pensée logique, intellect et intelligence ne s'est développé que plus tard dans l'humanité. Des forces humaines qui aujourd'hui déclinent déjà étaient beaucoup plus puissantes, par exemple la mémoire, qui était dans le passé infiniment plus développée qu'aujourd'hui. Le développement d'une civilisation de l'intelligence a fait notablement régresser la mémoire.

   Celui qui porte aujourd'hui sur le monde le regard d'un sens pratique quelque peu développé peut reconnaître aujourd'hui encore que ce qui est affirmé conformément à la science de l'esprit n'est pas sans fondement. On pourrait dire : si cela est vrai, les hommes actuels qui, par quelque hasard, sont arriérés, devraient faire apparaître que leur mémoire précisément est moins retardée. Ils devraient aussi révéler que lorsqu'on s'efforce de développer l'intellectualité d'êtres artificiellement retardés, leur mémoire en souffre. On a pu observer dans cette ville un cas caractéristique de cette nature.

Le professeur Daumer , dont on ne saurait assez estimer la valeur, a bien observé ce cas sur la personne d'un être qui fut pour beaucoup une énigme, et qui, arrivé un jour à Nuremberg de façon mystérieuse, est mort à Ansbach de façon non moins mystérieuse ; le même être dont un écrivain dit , pour esquisser ce que sa vie a de mystérieux, que lorsqu'on l'enterra, c'était un jour où d'un côté du ciel, à l'horizon, le soleil se couchait, et où de l'autre, à l'opposé, la lune se levait. Vous le savez, je parle de Kaspar Hauser. Si vous laissez de côté toutes les controverses que ce cas a engendrées, si vous ne tenez compte que de ce qui s'est avéré en toutes circonstances, vous saurez que cet enfant trouvé qui, parce qu'on ne savait pas d'où il venait, fut nommé l'enfant de l'Europe, ne savait ni lire ni écrire lorsqu'on le trouva. A l'âge de vingt ans, il ne disposait d'aucun acquis dû à l'intellect, mais, chose curieuse, il avait une mémoire prodigieuse. Lorsqu'on commença à l'instruire, lorsque la logique pénétra dans son âme, sa mémoire faiblit. Cette modification de l'état de conscience fut encore liée à autre chose : à l'origine, il était d'une sincérité innée presque inconcevable, et c'est précisément sur ce point de la sincérité qu'il s'égara de plus en plus. Plus il prenait goût à l'intellectualité, et plus elle faiblissait ».

- NOS ANCÊTRES LES ATLANTES   Rudolf STEINER  (18 p25)

   « Nos ancêtres atlantéens étaient très différents de l'homme actuel, beaucoup plus que ne peut se le re­présenter celui dont la connaissance se borne unique­ment au monde sensible. Cette différence portait non seulement sur l'aspect extérieur, mais encore sur les facultés spirituelles. Leurs connaissances, leurs arts techniques et toute leur culture étaient autres que ce que l'on peut observer de nos jours. En nous repor­tant aux premiers temps de l'humanité atlantéenne, nous y trouvons des facultés spirituelles entièrement différentes des nôtres. La pensée logique, le don de combiner et de calculer, bases de toutes nos acquisi­tions modernes, n'existaient pas chez les premiers atlantes. En revanche ils possédaient une mémoire hautement développée. Elle constituait une de leurs facultés spirituelles les plus remarquables. Ils ne calcu­laient pas comme nous, en appliquant certaines règles apprises. La table de multiplication était totalement inconnue à l'époque atlantéenne. Personne n'avait formé son intelligence pour pouvoir dire que trois fois quatre font douze. Pour s'y retrouver quand une opé­ration de ce genre était nécessaire, l'atlante devait se rappeler d'autres cas identiques ou semblables. Il se souvenait de situations précédemment vécues. Chaque fois qu'une faculté nouvelle se développe chez un être, une ancienne diminue en force et en acuité. Par sa pensée logique et son don du calcul l'homme actuel devance l'atlante. Sa mémoire par contre s'est affai­blie. Aujourd'hui l'homme pense au moyen d'idées; l'atlante le faisait au moyen d'images. Et quand une image apparaissait à son âme, il se rappelait de nom­breuses images semblables déjà vécues auparavant. C'est sur cette base qu'il formait ses jugements. Pour cette raison l'enseignement était très différent de ce que connaîtront les époques ultérieures. On ne cher­chait pas à doter l'enfant de règles ni à aiguiser son intelligence. Bien au contraire, on s'efforçait de lui présenter la vie au moyen de tableaux évocateurs, afin que plus tard, dans toutes les situations où il serait amené à agir, il puisse se référer à un vaste patrimoine de souvenirs. L'enfant, une fois devenu adulte et en­gagé dans la vie, pouvait à chacune de ses actions se souvenir de situations analogues lui ayant été présen­tées lors de son apprentissage. Il s'orientait d'autant mieux que la nouvelle situation ressemblait à une ex­périence déjà vécue. Lorsqu'il se trouvait confronté à un état de choses tout à fait nouveau, l'atlante devait sans cesse procéder par tâtonnements, tandis que de nos jours l'homme est dans une large mesure dispensé de telles pratiques; il est en effet armé de règles dont il peut aisément faire usage même quand il se trouve confronté à des situations nouvelles. Un tel système d'éducation donnait à la vie tout entière quelque chose de monotone. Pendant de très longues périodes tout s'accomplissait sans cesse de la même façon. Par sa fidélité la mémoire empêchait tout progrès rapide com­parable, même de loin, à celui que nous connaissons aujourd'hui. On faisait ce que l'on avait toujours «vu» faire. On ne réfléchissait pas, on se souvenait. L'autorité n'appartenait pas à celui qui avait beaucoup étudié, mais à celui qui possédait une riche ex­périence et donc beaucoup de souvenirs. Aux temps de l'Atlantide il eût été impensable que quelqu'un puisse décider d'une affaire importante avant d'avoir atteint un certain âge. Pour mériter la confiance, une longue expérience était indispensable ».

  Notons ici que les Atlantes étaient des géants, ce qui concorde parfaitement avec notre remarque antérieure sur l’association mémoire et croissance.

LE DEVENIR DE NOS PERCEPTIONS ET REPRESENTATIONS, LES IMAGINATIONS

      « Au moment où une représentation du monde extérieur descend dans l’inconscient, elle est transmise à notre nature suprasensible et y est sauvegardée jusqu’à ce qu’elle soit remontée par une remémoration. Si on est capable de suivre une représentation jusque dans l’inconscient on commence à pénétrer dans le domaine du suprasensible. Le niveau sous lequel la représentation plonge dans l’inconscient, n’est autre que le premier seuil du monde spirituel » (19 p68).

   Il arrive aussi que des perceptions soient captées par le CE mais n’arrivent jamais à la conscience. Elles ne donneront pas de représentations conscientes et ne pourront pas devenir des souvenirs mais continueront leur descente vers l’inconscient. Dans le cerveau elles produiront des images comme si la perception était devenue consciente.  Par exemple un objet vu consciemment ou inconsciemment montre à l’IRM l’activation  d’une même zone. Les mêmes circuits seront activés mais moins longtemps puis désactivés. Les perceptions inconscientes ou celles qui seront définitivement oubliées vont descendre plus profondément que celles qui auront donné des représentations conscientes.

   Elles n’en demeurent pas moins actives et peuvent provoquer des troubles physiques ou psychiques à la base du traitement psychanalytique.

   Plus les représentations descendent dans l’inconscient, plus elles deviennent vivantes en se métamorphosant. Elles deviennent, même si au départ les données étaient abstraites, des images d’où le nom d’Imaginations. « Dans l’acquisition de la connaissance imaginative, l’homme redécouvre dans son inconscient ce qui était déjà présent de tout temps. Simplement cette région s’éclaire et devient consciente, comme une pièce qu’on éclairerait » (20 p100). On passe ici de la pensée ordinaire à une pensée active par elle-même, « qui perçoit le cours de l’existence par un regard qui englobe toutes les parties d’un seul tenant, comme si les faits répartis dans le temps étaient disposés côte à côte dans l’espace » (20 p91).

    L’Homme, par un entraînement particulier, peut accéder au contenu de la connaissance imaginative, c’est-à-dire aux imaginations. C’est le premier degré de l’Initiation.

                                                                            L’INITIATION

 

   L’Initiation consiste pour l’Homme à acquérir le 1er degré de l’Esprit ou Soi Esprit (SE), le 2e degré ou Esprit de vie (EV) et le 3e degré ou Homme Esprit (HE). Nous avons vus (fig. 1) que l’humanité doit acquérir ces niveaux au cours de la civilisation contemporaine (5e civilisation post atlantéenne), puis la 6e et 7e civilisation. L’adepte lui, peut y accéder (si son karma le lui permet) en quelques années ou une vie entière.

   Le premier degré s’appelle l’Imagination et s’élabore à partir du pôle de la pensée, le 2e degré est l’Inspiration à partir du pôle du sentiment et le 3e degré est l’Intuition à partir du pôle de la volonté.

   L’Initiation consiste à illuminer notre inconscient c'est-à-dire les ténèbres de sorte que les paroles de St jean « la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres n’ont pu l’atteindre » se transforment en « la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ont pu l’atteindre ».

   L’adepte doit en premier lieu transformer son CA, corps de lumière, pour le purifier, pour lui redonner son brillant. C’est la catharsis : « le premier pas de l’Initiation a toujours consisté à faire faire au néophyte, durant la vie de veille, quelques exercices dont l’écho se prolonge dans sa vie nocturne. Tout ce qu’on a appelé méditation, concentration et tous les exercices que l’homme pratiquait pendant sa vie diurne , ne sont rien d’autre que des activités de l’âme dont les effets ne s’annihilent pas quand le CA se dégage, mais se prolongent et deviennent dans ce CA, pendant la nuit, des forces formatrices » (4 p43)

    Lorsque le CA a été purifié, ses organes de perception du monde supra sensible se développent et l’adepte peut déjà percevoir ce que les mythologies des peuples anciens ont décrites, comme de merveilleuses images végétales ou la description du paradis. De nos jours cette perception est beaucoup plus rare.

   Mais pour avoir une perception véritable du monde spirituel, le Je doit se servir du CE comme d’un miroir, exactement comme il s’est servi du CP pour renvoyer les perceptions du monde extérieur. Pour cela, les organes supérieurs créés dans le CA doivent s’imprimer dans le CE. Dans l’antiquité cette transcription se faisait lors de l’initiation, par une sortie du CE  et du CA de l’adepte en présence des hiérophantes, le laissant comme mort pendant 3 jours et demi. De nos jours, cette transcription se fait sans cette sortie. Ce qui a été modelé dans le CA s’imprime dans le CE au niveau de ce qu’on a décrit comme étant les imaginations. Ce stade est celui appelé Illumination ; la lumière jaillit, le monde spirituel devient visible, les deux chemins de l’inconscient se révèlent à la conscience, les mémoires ancestrales se réveillent.

   Dans l’Antiquité il existait deux sortes d’Initiation, celle qui amenait l’adepte vers son monde intérieur, typiquement l’Initiation Egyptienne ou Initiation du Sud, que Steiner appelle le « chemin mystique » et celle qui amenait l’adepte vers le monde extérieur ou Mystères du Nord, le « chemin de l’extase » pour Steiner.

   Sur le chemin du monde intérieur, l’adepte de l’antiquité ressentait les forces du CA, du CE et du CP qui devenaient conscientes. A l’époque Egyptienne l’image du « gardien du Seuil », le Sphinx était une expérience qui concentrait tous les manquements de sa vie passée. Seule la préparation préalable qu’il avait eu lui permettait de surmonter cette épreuve. Le chemin qui mène à l’intérieur de soi entraîne un éveil beaucoup plus intense que le réveil habituel ; le Je est ici exacerbé, le risque en est l’amplification de l’égoïsme.

   Sur le chemin du monde extérieur, chaque fois que nous nous endormons, nous pénétrons dans le monde des éléments et des entités, inconsciemment chez l’homme ordinaire, consciemment chez l’initié. Il y a expansion et dilution du Je dans le cosmos d’où son affaiblissement et nécessité chez l’adepte de se préparer par des épreuves sollicitant courage physique et moral. Sur ce chemin il y rencontre le grand gardien du seuil, « figure d’un Christ préchrétien, image de ce que l’homme doit devenir » (4 p40).

   L’Initiation moderne amène l’homme indifféremment sur ces deux chemins de l’inconscient. Trois forces doivent être développées, celles du pensée, du sentiment et de la volonté amenant respectivement aux trois stades : l’Imagination, l’Inspiration et l’Intuition.

   Le penser de la conscience ordinaire se rapporte au monde sensible ou à des souvenirs. Pour accéder à l’Imagination, l’âme doit former elle-même des pensées sans avoir recours au cerveau, en créant par exemple des symboles sur lesquels nous méditerons. On accèdera alors à une connaissance de la vie intérieure par une pensée qui devient imagée et d’une grande richesse. « Cette pensée nouvellement acquise est active par elle-même, substantielle et concrètement ressentie ». L’homme se ressent vivre non seulement dans son CP mais également dans un 2e corps plus subtil, le CE.

    On peut alors percevoir tout notre passé depuis le moment de notre conception, dans un immense tableau où tous les événements sont perçus simultanément, où le temps devient espace. Rappelons-nous ici l’expérience de celui qui est sur le point de se noyer et qui voit le grand panorama de toute sa vie durant quelques secondes. C’est la conscience éthérique qui remplace la conscience physique, comme si ce CP se déconnectait de façon éphémère. 

   Pour atteindre le 2e degré de l’Initiation, c’est-à-dire l’Inspiration, il faut introduire le sentiment dans l’objet de la méditation. « Quand nous nous sentons élevés, quand ce contenu nous emplit de chaleur intérieure, quand nous y vivons avec des sentiments enthousiastes et sommes à même d’en faire le sujet de notre méditation, alors s’offre à notre âme quelque chose qui dépasse la méditation dans la pensée » (21 p34). Lorsque nous aurons atteint le degré de l’Imagination par la force de notre pensée, il faudra refouler les images perçues et faire le vide de la conscience pendant un bref instant. Dans ce vide un monde spirituel pénètre et l’homme se sent vivre dans un 3e corps, le CA. Nous pouvons alors voir nos vies antérieures et la vie entre la mort et une nouvelle naissance. Nous pouvons remonter jusqu’au début de notre terre et le commencement des vies terrestres successives. Nous pouvons contempler les entités spirituelles liées à la terre et les êtres liés aux étoiles.

   Pour atteindre le 3e degré de l’Initiation, l’Intuition, il faut que notre méditation soit liée à la force de notre vouloir. Nous accédons alors à la vision des incarnations précédant notre terre, l’ancien Soleil, l’ancienne Lune et l’ancien Saturne (20 p127 à 141)

                                                 

                                                DANGERS SUR LES DEUX CHEMINS DE L’INCONSCIENT

 

   Nous avons tous vécu depuis des temps immémoriaux les étapes de l’évolution, nous avons vécus dans des corps Grecs ou Egyptiens, nous avons contemplé le monde spirituel, nous avons eu contact avec les Dieux. Tout cela est inscrit et enfoui dans notre âme. Le contraste est immense entre nôtre vie actuelle tournée quasiment exclusivement vers le monde matériel et le monde présent au tréfonds de notre âme faite de représentations acquises dans notre passé lointain au contact du divin.  Nous avons vu que l’Initiation consistait à faire surgir à la conscience tous ces souvenirs enfouis. Mais pour l’homme commun, il n’est pas nécessaire d’être initié soi-même, il suffit de chercher à comprendre les enjeux de l’évolution sous l’angle de l’anthroposophie, qu’il faut acquérir durant notre civilisation, l’âme de conscience et le 1er degré de l’Esprit. Steiner nous dit : « l’Homme est sur le seuil ». La frontière entre le conscient et l’inconscient se relâche. Nous sentons bien que quelque chose se passe que l’Homme ne peut définir mais qui trouble son quotidien et que l’humanité entière se trouve confrontée à des fléaux majeurs. Ceux-ci doivent être reliés à cet inconscient qui cherche à se révéler, à atteindre notre conscience et que nous devons comprendre pour reprendre en main notre équilibre et notre destin qui est la réalisation du plus grand idéal conçu par Dieu pour nous.  L’Anthroposophie de Rudolf Steiner s’efforce de faire remonter à la mémoire les représentations assimilées par les âmes.

 

   - SUR LE CHEMIN DU MONDE INTERIEUR : « il s’agit de la descente de la conscience humaine dans sa corporéité : CA, CE et CP ».  Des symptômes caractéristiques de l’invasion de l’âme par les forces psychiques inconscientes se multiplient.

Il s’agit d’abord du monde psychique astral au niveau du pôle de la volonté. Pratiquement tous nos contemporains ressentent un sentiment vague de malaise, le « cafard », avec des réactions de fuite dans l’alcool ou la drogue, tranquillisants, hypnotiques, parfois l’agressivité, la recherche de boucs émissaires (les hommes politiques, la police, le patron, les parents, le partenaire …). L’agitation incessante peut aussi être un symptôme caractéristique avec activités de tout genre, sport à outrance, vacances hyperactives…).  Lorsque la descente se poursuit nous avons à faire à des dépressions, des névroses ou des psychoses. Les hallucinations sont des images en miroir  du CE d’un organe dans le CA et la symptomatologie dépend de l’organe touché. La conscience peut descendre au niveau des forces physico-éthériques de déconstruction et de reconstruction au pôle du métabolisme et de la volonté. « Ce qui se passe à ce niveau est de nature compulsive et inconsciente. Ces processus sont capables de détruire les substances, de les dissoudre et de les reconstituer en substances que le corps pourra intégrer. Ce qui se passe calmement, à 37°, ne peut se faire à l’extérieur du corps, en laboratoire, qu’à l’aide de bases et d’acides puissants, à des températures maximum et sous haute pression. Et ces phénomènes se déroulent en nous sans que nous le remarquions , pendant que nous lisons le journal après le dîner ! ». Mais attention, lorsque la conscience arrive à ce niveau, il ne faut surtout pas  qu’elle remonte au niveau de la conscience ordinaire. Ce lieu est celui où s’enracine le mal humain. « Cette source du mal doit rester en bas et ne doit surtout pas remonter et contaminer la vie habituelle des représentations qui pourraient devenir des incitations au mal » (4 p172).

   « Que se passerait-il si l'homme, guidé par la science de l'esprit, n'en venait pas à prendre conscience de ce fait? Un regard sur l'état actuel de l'évolution suffit pour le voir. Ce qui existe en quelque sorte isolé, confiné dans l'être humain, là où se trouve véritablement sa place, son seul champ d'action légitime, où la matière est renvoyée au chaos, cela se fraie une voie vers l'extérieur et pénètre dans les instincts extérieurs de l'homme. Et c'est là ce qui est en passe de devenir la civilisation de l'Occident et de la terre entière. On peut le voir à l'oeuvre dans la fureur destructrice qui sévit actuellement à l'Est de l'Europe et en bien d'autres endroits. Ces ravages, ce sont les rages exterminatrices remontées des profondeurs et rejetées dans le monde extérieur; et l'homme ne trouvera désormais jamais la maîtrise de ce qui passe ainsi dans ses instincts si un retour à une véritable connaissance de lui-même ne lui en donne pas les moyens, s'il n'apprend pas à prêter à nouveau attention à ce foyer de destruction qui agit en son for intérieur, qui est le propre de la nature humaine, et qui doit être là pour que puisse se faire l'évolution du penser humain » (10 p23).

   « Si ce foyer intérieur de destruction  se propageait dans le monde entier, que se passerait-il? C'est au mal que l'homme donnerait alors la possibilité de déployer sa vie dans le monde. Le mal n'est rien d'autre que le chaos intérieur de l'homme rejeté de ce for intérieur où il est nécessaire et projeté dans le monde extérieur. Et ce chaos, qui est pour l'homme une nécessité intérieure, mais exclusivement intérieure, ce foyer du mal est le lieu dont a besoin le moi, l'ego subjectif de l'homme, pour s'endurcir. Cet ego ne peut pas vivre dans le monde extérieur au-delà de la sphère accessible aux sens humains. C'est pourquoi la conscience du moi s'évanouit dans le sommeil ; c'est aussi pourquoi, dans les rêves, elle paraît si souvent affaiblie, étrangère. Le moi qui se trempe, se forge au feu intérieur du mal, ne peut pas pénétrer au-delà du monde des sens » (10 p29).

   - SUR LE CHEMIN DU MONDE EXTERIEUR : il s’agit souvent d’une réaction au passage du seuil du monde intérieur avec la recherche d’une libération, d’une fuite de ce monde, parfois la rupture avec celui-ci (4 p180). Le Je ici se dilue contrairement au chemin vers le monde intérieur; il s’agit d’une ‘excarnation’.

   Durant le sommeil, nous sommes sur le chemin du monde extérieur et comme nous quittons notre véhicule physico-éthérique nous redevenons pour ainsi dire Esprit et même si nous sommes inconscient, nous entrons en contact avec l’Esprit des créatures de notre environnement, minéraux, plantes, animaux, nous sommes au contact des Esprits des éléments. Et lorsqu’au réveil le complexe psycho-spirituel réintègre le corps physico-éthérique, « il reste en affinité avec les choses autour de lui, il reconnaît le monde extérieur » (22 p247).  Les neurosciences ont montré « qu’il existe des liens intimes qui unissent la mémoire épisodique, c’est-à-dire nos souvenirs, à la mémoire des lieux dans lesquels nous vivons et nous déambulons.   La nuit, lorsque nous gagnons les périodes du sommeil profond, notre GPS cérébral se «rallume», et rejoue des centaines, voire des milliers de fois les trajectoires empruntées la veille. Ce «replay» joue un rôle fondamental, non seulement pour nous souvenir des trajectoires effectuées, mais surtout pour consolider notre souvenir des épisodes vécus lorsque nous avons parcouru ces lieux. Autrement dit, la mémoire épisodique consciente emprunte un canal spatial et dépend de notre capacité à nous orienter dans les lieux dans lesquels nous vivons. En 2014, le Prix Nobel de médecine a été remis à John O’Keefe et au couple Moser pour leurs découvertes sur ce GPS cérébral » (27).

   Nous comprenons pourquoi il est important de sauvegarder notre environnement naturel. Lorsque  par exemple nous détruisons une forêt, nous chassons les Esprits des éléments et lorsque à la place de cette forêt nous construisons par exemple un aéroport ou un échangeur, nous introduisons les Esprits Ahrimaniens ! Au cours du sommeil, non seulement le contact avec les Esprits des éléments est perturbé mais le contact avec les Entités spirituelles qui doit suivre ne se fait plus. Au réveil le complexe psycho-spirituel n’a plus les moyens de reconnaître le monde où il vit.  Nous avons là les bases pour expliquer les symptômes de la maladie d’Alzheimer.  (Voir fig. 5)

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   Le 07 03 1914 Steiner déclarait à propos du souvenir : « S'il s'installait sur terre un matérialisme qui reniât le Christ, le souvenir sombrerait dans le désordre. On verrait surgir en nombre de plus en plus grand des hommes dont le souvenir serait chaotique, dont la conscience de soi s'obnubilerait de plus en plus si le souvenir ne venait l'éclairer. Notre faculté de souvenir ne peut être développée correctement qu'à condition de poser un regard juste sur l'impulsion du Christ. Alors l'histoire, tel un souvenir vivant, vivra de telle manière qu'au souvenir viendra s'intégrer l'intelligence des événements sous leur vrai jour. Alors le souvenir humain saisira le point central du devenir du monde. Alors les écailles tomberont des yeux de l'homme. Le souvenir, qui ne porte que sur une vie, s'étendra aux incarnations précédentes. Le souvenir en est aujourd'hui au stade préparatoire, mais il sera façonné par le Christ » (21 p162).

   Le rôle du langage actuel, celui que nous inculquons aux jeunes, est d’une grande importance pour que puisse s’établir la nuit entre l’endormissement et le réveil, une entente avec les entités spirituelles, Anges et Archanges. De nos jours, les hommes se servent de mots qui n’expriment que ce qui est physique, ils n’ont plus une grande signification spirituelle. « Oui, il en est bien ainsi : les enfants de notre temps apprennent une langue dont les mots n’ont plus d’ailes pour les élever au-dessus de la vie terrestre » (23 p15). « De plus en plus nombreux sont ceux qui, au cours de leur sommeil, emportent de la parole quelque chose qui empêche leurs âmes de comprendre le langage des Archanges » (23 p14.).

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               (fig. 6)     Hypnos Dieu du Sommeil

    IVe siècle avant J.C.  bronze provenant de Pérouze

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                                                                                     CONCLUSION

 

   Les deux chemins de l’inconscient sont les mêmes que ceux de l’Initiation, mais lors de cette dernière, la préparation est longue et minutieuse. Le grand défi de l’homme moderne est l’acquisition de l’âme de conscience, c’est-à-dire la prise de conscience, la découverte non pas de terres nouvelles mais de territoires intérieurs où des forces gigantesques unissent notre monde, le microcosme à l’univers, le macrocosme. Les grandes découvertes sont désormais celles de la conscience qui nous permettront la maîtrise non plus uniquement de la matière mais aussi de l’Esprit, c’est-à-dire de nous-même. Nous comprendrons alors «  le lien mystérieux entre la conscience humaine et les forces destructrices, les forces destructrices de l'univers » (24 p 17). « Si étrange que soit la chose pour un homme normal du temps présent : le chaos actuel ne fera pas place à l'ordre avant qu'un nombre suffisant d'êtres humains aient pris la peine d'admettre les vérités anthroposophiques » (24 p15).

                                

                                                                     BIBLIOGRAPHIE 

 

1   Onfray Michel    Conférence centre universitaire Nice 2015

2   R . Steiner   L’Apocalypse

3   Jung C. G.   L’homme à la découverte de son âme

4   Dr Lievegoad B.C.J.   L’Homme sur le seuil

5   Drs : Bott V.  Corroze P.   Marti E.    Les forces de vie

6   Dr Bott V.  Médecine anthroposophique

7   R. Steiner   Le devenir humain

8   R. Steiner   La philosophie de la liberté

9   Husemann F. tome 1  La médecine à l’image de l’homme

10 R. Steiner Anthroposophie une cosmosophie   tome 1

11 Dr Treichler R.  Dynamique de la schizophrénie

12 Dr Gernez A.  Conférences sur You Tube

13 R. Steiner   La vie de l’Homme et de la Terre

14 R. Steiner    La Nature Humaine

15 Dr Holtzapfel J.  Tendances évolutives et destins d’enfants

16 Emission TV 2011 l’Enigme Alzheimer, les sœurs du couvent

17 R. Steiner  Anthroposophie et psychanalyse

18 R. Steiner   Chronique de l’Akasha

19 R. Steiner  Manifestations du Karma

20 R. Steiner Les 2 voies de la clairvoyance

21 R. Steiner Le préfigurations du Mystère du Golgotha

22 R. Steiner  Nature des couleurs

23 R. Steiner   Les puissances spirituelles

24 R. Steiner   La chute des Esprits des ténèbres

25 Stanislas Dehaene Les signatures de la conscience : La Tête au carré 15 10 2014  France inter et  La conscience décrptée: La Tête au carré 03 04 2019

26 Francesca D’Amicic    Le cerveau et ses automatismes : TV diffusé le 16 03 2015   (en Allemagne 2011) Sciences et Techniques

27 Interview du Pr Lionel Naccache par Lucie Sarfaty : Que sait-on aujourd’hui du cerveau humain ? Revue hors série Le Point mars-avril 2019 : Les nouvelles frontières du cerveau

28 R. Steiner   Physiologie occulte

Publication  juin 2019

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